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TITAN ET EUROPE :
DES CANDIDATS PROMETTEURS
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*Dans le système
solaire, les satellites planétaires Titan (Saturne)
et Europe (Jupiter)
sont ceux qui présentent le plus d'intérêt pour les
exobiologistes car ils sont fortement
susceptibles d'abriter des formes de vie primitive.
I- Titan, laboratoire d'exobiologie
**En passant au voisinage de Saturne
en 1980 et en 1981, les sondes Voyager-1 et 2 ont révélé
un objet de très grande importance pour l’exobiologie,
Titan,
qui est non seulement le plus gros satellite de Saturne (il est aussi
gros que Mercure), mais aussi le seul satellite du système solaire
possédant une atmosphère dense. Celle-ci est constituée
majoritairement de diazote (90 %) et de méthane
(quelques %), et riche en aérosols organiques formant des brumes
qui masquent sa surface. Par sa composition chimique, cette atmosphère
est une des meilleures atmosphères prébiotiques.
En effet, plusieurs composés organiques, dont certains sont précisément
ceux de la chimie prébiotique terrestre, tels l’acide
cyanhydrique, le cyanoacétylène et le cyanogène,
ont été détectés dans l’atmosphère
de Titan et de nombreux autres sont susceptibles d’y être
présents. De plus, les modèles prédisent que la surface
de Titan est partiellement couverte de méthane
et d’éthane
liquides.
**Les analogies entre Titan
et la Terre sont nombreuses: effet de serre, profil vertical de température,
composition majoritaire de l’atmosphère. Les nombreux couplages
prévisibles entre les trois composantes du «géofluide»
de Titan – air, aérosols et surface (surtout si cette dernière
inclut des lacs) – doivent régir la chimie organique de cette
quasi-planète. Malgré l’absence d’eau liquide,
due aux très basses températures qui y règnent (-179°C).
Titan peut être considéré comme un véritable laboratoire
de chimie prébiotique à l’échelle planétaire.
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**Toutes les molécules
organiques se formant ainsi de façon continue dans la haute atmosphère
de Titan tombent vers sa surface. Les scientifiques pensent donc que cette
dernière doit être recouverte de dizaines de mètres de
tholine et d'autres produits organiques. C'est pourquoi Titan est l'un des
mondes qui fascinent le plus les spécialistes de la chimie organique
prébiologique.
**Carl Sagan et Reid Thompson ont calculé
que chaque endroit de la surface du satellite a eu une chance sur deux d'avoir
été plongé dans de l'eau liquéfiée par
la chaleur libérée lors d'impacts météoritiques.
Or, la tholine mélangée à l'eau donne des acides aminés,
des traces de bases nucléotidiques et d'hydrocarbures, parmi d'autres
composés.
**L’étude de Titan devrait donc
nous permettre de mieux appréhender l’ensemble des processus
organiques, chimiques et physiques réellement mis en jeu dans un environnement
planétaire, et de comprendre, indirectement, le rôle de l’eau
liquide en exobiologie.
Tel est précisément l’un des objectifs de la mission spatiale
N.A.S.A.-E.S.A. Cassini-Huygens, qui comprend une sonde (Cassini) en orbite
autour de Saturne, et une sonde (Huygens) qui pénétrera dans
l’atmosphère de Titan. Lancée en 1997, pour une arrivée
en 2004, la mission Cassini-Huygens inclut un programme scientifique interdisciplinaire
spécifiquement consacré à l’étude de la
chimie de Titan et de l’exobiologie.
**La sonde Cassini, lancée en octobre
1997, doit atteindre prochainement (en 2004) cet astre, et y expédier
un atterrisseur (Huygens). La surface de Titan sera cartographiée par
un altimètre-radar et la magnétosphère de Saturne sera
plus particulièrement étudiée pendant les 4 ans que durera
l'activité de cette sonde.
II- Europe, une lune de glace
**Un des satellites de Jupiter,
Europe,
retient de plus en plus l’attention des exobiologistes depuis que
les données fournies par la sonde Galileo laissent supposer l'existence
d'un océan.
**En effet, la sonde Galileo y ayant découvert
des changements par rapports aux images de voyager, on a identifié
sa surface comme une croûte de glace de quelques Km d'épaisseur
flottant sur un océan d'eau liquide.
Les effets de marée due à la proximité de Jupiter doivent
chauffer l'intérieur du satellite. Une chimie prébiotique a
pu se développer au fond de cet océan pour donner des formes
de vies qui pourraient ressembler aux Riftia, ces vers géants qui vivent
près des sources hydrothermales, au fond des océans terrestres,
sans lumière ni nourriture organique...
**Des mouvements de convections sous la glace
ont été mis en évidence (Pappalardo, 1998), signe de
l'existence d'une source de chaleur profonde; et il a été envisagé
une origine bactérienne (Dalton, 2001) pour les composés colorés
présents à la surface de ce satellite énigmatique. W.
Chyba et K. Hand, de Stanford, ont proposé en 2001 deux mécanismes
permettant d'apporter de l'oxygène dans les océans obscurs d'Europe:
l'un deux se base sur les collisions entre les molécules d'eau et les
particules accélérées par la magnétosphère
jovienne, et l'autre tire partie de la désintégration radioactive
des isotopes du potassium. Ainsi, même une vie "aérobie"
serait possible sous la croûte gelée de ce satellite.
.
Le satellite Europe (cliché NASA) La surface de cette lune est
en effet couverte de glaces d’eau dont la couche est entaillée
de larges cicatrices.
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**Les images de cette surface
acquises depuis 1996 par la sonde Galileo montrent de véritables icebergs
d'une largeur de 30 Km qui semblent flotter sur un lit d’eau glacée.
Ces données impressionnantes viennent conforter le modèle de
structure interne d’Europe, qui prédit un océan d’eau
liquide sous une croûte de glaces d’eau (d'une épaisseur
de 100 Km).
Si cet océan existe, pourquoi ne pas supposer qu’il puisse
abriter une vie primitive? Des missions vers Europe
sont à l’étude dans les agences spatiales, qui pourraient
tester ces hypothèses.
CONCLUSION
** Rien ne permet encore d’affirmer
que la vie existe ailleurs que sur Terre ce qui n’empêche pas
d’y croire et de chercher des preuves… |
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